Banque mondiale: le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde

Banque mondiale: le Maroc est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde
Le Rapport de la Banque mondiale sur le climat vient de tomber. Selon ce document, le Royaume se trouve dans une zone à haute vulnérabilité climatique. Il est également l’un des pays les plus touchés du monde par le stress hydrique, puisqu’il se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue fixé à 500 m3.

A l’instar de plusieurs pays dans le monde, le Maroc a été frappé de plein fouet par le stress hydrique. Le rapport de la Banque mondiale publié ce jeudi 3 novembre vient confirmer ce constat.

Selon le rapport, le Royaume est l’un des pays les plus pauvres en eau au monde et se rapproche rapidement du seuil de pénurie absolue en eau fixé à 500 m3 par personne et par an.

En détail, les ressources en eau totales du pays sont estimées à 22 milliards de mètres cubes (m3), soit 18 milliards de m3 d’eau de surface et 4 milliards de m3 d’eau souterraine.

Depuis la fin des années 1970, les apports d’eau (provenant des eaux de surface) ont diminué, d’une moyenne annuelle de 22 milliards de m3 entre 1945 et 1978 à une moyenne annuelle de 15 milliards de m3 entre 1979 et 2018.

Cette baisse des apports, associée à la demande accrue due à la croissance démographique et au développement économique, a mis le Maroc en situation de stress hydrique : entre 1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables est passée de 2 560 m3 à environ 620 m3 par personne et par an, plaçant le Maroc en situation de stress hydrique structurel (moins de 1 000 m3).
Il s’ensuit que la pression sur les eaux souterraines a considérablement augmenté, jusqu’à atteindre un niveau de surexploitation estimé à près de 30 %19, surtout pendant les années sèches. Le défi de la rareté de l’eau se combine avec celui de la détérioration de la qualité des eaux (souterraine et de surface).

Cette situation impacte d’une manière directe l’économie du pays comme l’a souligné la responsable de la banque mondiale Estelle Allano lors d’une table ronde organisée ce jeudi avec les médias. La responsable a détaillé les impacts éventuels sur l’économie nationale. « L’incidence et la gravité croissantes des sécheresses constituent déjà une source majeure de volatilité macroéconomique et une menace pour la sécurité alimentaire nationale. Dans une perspective à plus long terme, la réduction de la disponibilité en eau et la baisse des rendements agricoles due au changement climatique pourraient réduire le PIB à hauteur de 6,5 % », lit-on dans ce rapport.

Selon les auteurs de ce document, l’agriculture pluviale (bour) est particulièrement vulnérable aux sécheresses et à la pénurie d’eau alors qu’elle représente encore 80% de la superficie cultivée du pays et emploie la majorité des travailleurs agricoles. En outre, les changements induits par le climat (disponibilité en eau et rendement des cultures) sur l’agriculture pluviale pourraient entraîner l’exode rural de 1,9 million de Marocains (soit 5,4 % de la population totale) d’ici à 2050.

Les efforts du Royaume pour faire face à la sécheresse 

Le rapport de la Banque mondiale rappelle que le Royaume a déployé des infrastructures hydrauliques à grande échelle pour faire face au stress hydrique. « Entre la fin des années 1960 et 2020, le Royaume a construit 149 barrages, augmentant sa capacité totale de stockage de 2 à 19,1 milliards de m321. Le pays a également créé 15 interconnexions entre bassins hydrographiques, sur environ 785 kilomètres (km), pour répondre aux besoins en eau des municipalités et de l’irrigation. Mais, malgré ces investissements massifs, l’écart entre l’offre et la demande en eau est actuellement estimé à 1,8 milliard de m3/an à l’échelon national, avec des déficits structurels enregistrés dans les bassins du Souss-Massa, du Tensift, de la Moulouya et de l’Oum Er Rbia », rapporte le même document.

En outre, la variabilité et le déclin des précipitations ont compromis l’efficacité de l’approche axée sur les infrastructures, le volume d’eau réel dans les réservoirs ayant une tendance baissière sur la dernière décennie. Fin février 2022, au milieu d’une nouvelle grave sécheresse, le taux de remplissage global des principaux barrages a ainsi atteint un niveau historiquement bas de 32,8 % de la capacité totale, avec certains barrages à moins de 10 % de leur capacité.

Le Maroc a également présenté un ambitieux plan d’investissement dans l’eau pour la période 2020-2050 (Plan national de l’eau ou PNE), qui vise à combler l’écart entre l’offre et la demande.

La BM a également souligné que le Royaume s’est, certes, engagé à faire face à la pénurie de l’eau mais beaucoup  est à faire. Les auteurs de ce rapport ont appelé entre autre à mobiliser toutes les parties prenantes en créant un espace d’échange et de coordination et de favoriser le dialogue entre les acteurs. Ils ont également appelé à diffuser l’information sur le changement climatique dans le cadre d’une campagne de communication ciblée pour permettre des changements de comportement en faveur de la transition climatique.

Pour rappel, Jesko Henstshel, Directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte a rappelé ce jeudi matin, lors d’une table ronde, que le Royaume est l’un des premiers pays avec qui la Banque mondiale a d’achevé ce travail qui a commencé l’année dernière. « La Banque mondiale a lancé cette analyse dans 25 pays l’année passée. Le Maroc est un des premiers pays à terminer ce rapport avec la Jordanie, l’Irak et l’Egypte dans la région Mena », a-t-il précisé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *