Cinémas Megarama au Maroc : Vers une Sortie Détonante Face à une Nouvelle Loi Controversée
L’avenir des cinémas Megarama au Maroc, leader historique des multiplexes en Afrique, est incertain. Le fondateur et PDG du groupe, Jean-Pierre Lemoine, 94 ans, menace de retirer ses investissements suite à l’adoption d’une loi interdisant aux distributeurs de films de gérer directement des salles de cinéma.
Présent au Maroc depuis 20 ans, Megarama a profondément transformé le paysage cinématographique national, avec 48 salles réparties entre Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Tanger et bientôt Agadir. Avec 82 % des parts de marché en exploitation (soit 7 millions d’euros de recettes en 2023), l’entreprise est un acteur clé du secteur. En parallèle, elle occupe une place importante dans la distribution de films, notamment français, qui représentent 40 % des entrées annuelles au Maroc.
La nouvelle loi, adoptée le 2 décembre, bouleverse ce modèle économique. Désormais, les distributeurs ne pourront plus exploiter de salles de projection, une mesure justifiée par le ministère de la Culture comme un moyen de soutenir le cinéma marocain. Selon Abdelaziz El Bouzdaini, directeur par intérim du Centre cinématographique marocain (CCM), « certains grands exploitants imposent aux producteurs marocains des conditions tarifaires restrictives, compliquant la diffusion des productions locales. »
Cependant, cette refonte du secteur soulève des inquiétudes majeures. Jean-Pierre Lemoine a exprimé son indignation dans une déclaration au journal Le Monde, en plein Festival International du Film de Marrakech : « Si c’est pour travailler dans un climat de défiance, je préfère vendre. » Cette sortie brutale remet en question les 250 emplois directs générés par Megarama et risque de fragiliser davantage un secteur déjà précaire.
Alors que le projet de loi doit entrer en vigueur dans neuf mois, les débats font rage. Si certains saluent une mesure favorisant le cinéma marocain, d’autres craignent une perte d’attractivité pour le secteur, notamment pour les productions internationales et le développement de nouvelles infrastructures cinématographiques.
Le Festival International du Film de Marrakech, censé être une célébration du septième art, se retrouve ainsi au cœur d’une polémique qui pourrait redéfinir l’avenir du cinéma au Maroc.