Crise Mali-Algérie : Accusations de terrorisme et isolement grandissant du régime algérien
Les relations déjà tendues entre l’Algérie et son voisin du sud, le Mali, ont pris une tournure plus sérieuse sur la scène internationale. Lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdallah Maïga, vice-président malien et ministre d’État, a prononcé un discours virulent à l’encontre de l’Algérie, l’accusant d’être une « base arrière pour les terroristes » qui déstabilisent son pays. Ces propos sévères ont déclenché une riposte de Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères algérien, quelques jours plus tard.
Maïga, qui dirigeait la délégation malienne à cette réunion annuelle, a dénoncé les interventions algériennes qu’il qualifie de flagrantes. Il a affirmé que l’Algérie offrait « un abri et des vivres » aux terroristes afin de saper la stabilité du Mali. Il a également exhorté les responsables algériens, notamment le représentant permanent de l’Algérie aux Nations Unies, Amar Benjamaa, à cesser de considérer son pays comme une « province algérienne ».
Le ministre malien a rappelé dans son intervention les contributions du Mali à la guerre de libération algérienne, soulignant que les responsables algériens « ignorent l’histoire » des relations entre les deux pays. Il a également évoqué l’implication directe de l’Algérie dans les combats entre l’armée malienne et les groupes rebelles et terroristes qui ont eu lieu aux frontières des deux pays en juillet et août derniers.
Un échec diplomatique ?
L’escalade des tensions entre l’Algérie et le Mali a attiré l’attention des observateurs, notamment Lahcen Agrtit, professeur de relations internationales, qui a qualifié la réponse algérienne d’ »hors normes diplomatiques ». Selon lui, cela montre une aggravation de la crise entre le régime algérien et les autorités maliennes. La rupture de l’Accord d’Alger de 2015, où l’Algérie jouait un rôle de médiateur, est un signe précurseur de cette détérioration des relations.
Agrtit a souligné que le gouvernement malien accuse désormais ouvertement l’Algérie de s’ingérer dans ses affaires internes et d’abriter des terroristes sur son sol. Il ajoute que cette situation révèle « l’échec diplomatique » de l’Algérie, qui se retrouve non seulement en confrontation avec le Mali, mais potentiellement aussi avec la Russie, un acteur clé dans la région en raison de la présence de la société militaire privée Wagner au Mali.
Cette crise pourrait approfondir les frictions entre l’Algérie et la Russie, car des signes de mécontentement russe à l’égard des actions algériennes ont déjà émergé. Agrtit estime que la position de l’Algérie devient de plus en plus difficile, car elle n’arrive plus à jouer le rôle de médiateur entre le Mali et les groupes armés, notamment les Touaregs.
Un isolement régional grandissant
De son côté, Mohamed Neshtawi, également spécialiste des relations internationales, a expliqué que les tensions entre l’Algérie et ses voisins, qu’il s’agisse du Maroc, de la Tunisie, de la Libye ou maintenant du Mali, illustrent un schéma récurrent dans la politique étrangère algérienne. Neshtawi a qualifié l’Algérie de « seule nation à avoir des relations hostiles avec la majorité de ses voisins », attribuant cela à un régime militaire qui cherche à détourner l’attention de ses problèmes internes.
Il a ajouté que les difficultés économiques et sociales en Algérie, qui poussent de nombreux citoyens à fuir leur pays, sont masquées par une politique étrangère agressive, visant à maintenir l’illusion d’un environnement régional instable.
Pour conclure, les analystes s’accordent à dire que le régime algérien peine à s’adapter aux changements géopolitiques de la région. L’isolement croissant de l’Algérie, combiné à une politique étrangère agressive, pourrait avoir des répercussions durables sur la stabilité régionale et sur la position de l’Algérie dans la communauté internationale.