Delacroix, un voyage au Maroc. L’exposition, le soutien. Et après !?
Une exposition événement nous annonce-t-on. À Rabat au Musée Mohammed VI . Du 7 juillet au 9 octobre 2021. Organisée par la Fondation des Musées du Maroc avec le soutien de l’ONMT et de la RAM , c’est à dire en faveur du tourisme marocain. Allons voir.
On nous fait savoir que cette exposition « Delacroix, souvenirs d’un voyage au Maroc » est une première sur le continent africain et dans le monde arabe.
Eugène Delacroix ( 26 avril 1798 – 13 août 1863 ) est effectivement un grand nom de la peinture française et son principal représentant du mouvement romantique.
De son voyage dans notre région de 7 mois en 1832 une partie est effectuée au Maroc. Il en restera marqué tant dans son œuvre que dans ses relations,ses croquis, ses illustrations. Ce voyage au Maroc, de Tanger à Meknès, n’est ni une promenade de plaisir , ni une excursion culturelle. Il se déroulait dans le cadre d’une mission officielle française aux objectifs multiples à l’instar de celle des savants accompagnant l’expédition de Napoléon Bonaparte en Egypte. De la recherche du renseignement. Il ne faut pas se le cacher.
Sur la toile et les plateformes de recherches Eugène Delacroix figure en bonne place. Sur YouTube une vingtaine de références ( Eugène Delacroix quelle histoire ; Eugène Delacroix et sa malchance ;Eugène Delacroix Maroc ; Eugène Delacroix Le Père La Chaise …)Et à travers Google plus d’une centaine de données spécifiques.
Un artiste connu donc qui peut justifier la tenue de sa manifestation dans le pays qui l’a tant inspiré. Certains le considèrent même comme un peintre du Maroc, un peintre marocain.
Son exposition fera-t-elle recette au Maroc pour autant? Ce n’est pas les 50% de réduction accordée aux MRE sur présentation de leur passeport qui draineront les foules.
Combien de visiteurs feront le déplacement ? On n’attendra pas fin octobre pour dresser le bilan car aucune autre mesure concrète de promotion n’est apparue pour le moment.
La RAM et l’ONMT se contentant de soutenir l’exposition par le transport des oeuvres et des artistes ( Eugène Delacroix Delacroix n’est plus de ce monde ! ) ne vont pas jusqu’au bout de la fabrication de l’événement. Est-ce par paresse ou incompétence ? Pour ces vieux routiers du marketing touristiques, bien instruits des événementiels semblables en Europe, il y a matière à discuter.
Pour les critiques d’art comme pour les spécialistes en promotion touristiques cette exposition n’a pas bien choisi ni son timing ni son lieu. À Tanger, à Meknès et à Marrakech elle serait mieux justifiée surtout si elle figurerait dans des packages de voyages à promouvoir. Certains des observateurs avertis auraient préféré que l’exposition Delacroix Maroc fasse une tournée mondiale dans les destinations émettrices de touristes culturels vers le Maroc. Un beau programme.
Sans les concertations préalables avec les mondes de la culture, les responsables territoriaux et les milieux professionnels du tourisme, l’impact de ce genre d’événements ne peut être que limité.
Et c’est justement ce que semble inspirer le tableau le plus connu d’Eugéne Delacroix : la liberté guidant le peuple.
A-t-on pensé à former des guides- conférenciers pour accompagner les visiteurs de Delacroix dans ses pérégrinations marocaines au prestigieux musée de Rabat ?