Suite au désistement de Joe Biden, Kamala Harris, vice-présidente des États-Unis, est en tête pour devenir la candidate démocrate qui affrontera Donald Trump en novembre prochain. Quelles seraient les conséquences d’une victoire démocrate sur les relations entre le Maroc et les États-Unis ?

Les démocrates, galvanisés par l’annonce de la candidature de Harris, semblent avoir retrouvé une nouvelle dynamique en un temps record. Lors de son premier meeting de campagne à Milwaukee, Wisconsin, un État clé pour les élections, Harris a prononcé un discours optimiste et résolument tourné vers l’avenir, s’attaquant directement à son adversaire, Donald Trump. Elle a décrit sa politique comme « extrémiste » et « rétrograde », marquant ainsi le ton de sa campagne.

Déjà en campagne depuis quelques jours seulement, Harris bénéficie du soutien de la majorité des délégués démocrates, avec environ 4 000 personnes prêtes à soutenir sa candidature. Des figures de proue comme Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, ainsi que des personnalités influentes telles que George Clooney et Melinda French Gates, se sont également rangées derrière elle.

Au Maroc, les élites et les experts suivent de près ces évolutions politiques. Le retrait de Joe Biden et l’émergence de Kamala Harris suscitent des réflexions sur l’avenir des relations entre les deux nations. Un récent sondage Reuters/Ipsos montre Harris devançant Trump de deux points, avec 44 % des intentions de vote contre 42 %, et une collecte record de 81 millions de dollars en 24 heures.

Driss Aissoui, expert en géopolitique, exprime des réserves quant à l’impact d’une administration Harris sur le Maroc. Il souligne que les démocrates américains n’ont jamais été des alliés fiables pour le Royaume, contrairement à Donald Trump qui a reconnu la souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes. Cette reconnaissance a favorisé l’installation de nombreux consulats étrangers au Sahara et permis au Maroc de bénéficier des financements du Millenium Challenge Corporation sous l’administration Trump.

Malgré l’enthousiasme suscité par Kamala Harris, certains observateurs restent prudents. Selon Aissoui, la promotion de Harris n’augure pas forcément de perspectives positives pour le Maroc. Sur la question du Sahara, il prévoit un statu quo avec peu de changements sous une administration Harris.

Nasser Bourita, Ministre des Affaires étrangères, se montre cependant optimiste. Dans une tribune pour Jeune Afrique, il rappelle que les États-Unis, qu’ils soient sous administration démocrate ou républicaine, ont toujours soutenu l’initiative d’autonomie marocaine. Cette continuité dans le soutien américain pourrait maintenir une stabilité dans les relations bilatérales.

En conclusion, la candidature de Kamala Harris apporte une nouvelle dynamique à la course présidentielle américaine, et bien que les experts marocains expriment des réserves, les relations entre les deux pays pourraient rester stables grâce à une compréhension mutuelle et un historique de coopération solide.