La rumeur alarmiste, la colère d’ hôteliers ou quand la communication publique fait défaut.

La rumeur alarmiste, la colère d’ hôteliers ou quand la communication publique fait défaut.

 

D’un week-end à l’autre les données relatives au Covid 19 peuvent être soit inscrites dans une tendance ou être classées sans suite . Pour les observateurs la prise de parole et de mise en garde d »une figure connue de Marrakech demeure encore aujourd’hui et pour longtemps un sujet d’interrogations et d’inquiétude.

Telle une trainée de poudre un message audio alarmiste a traversé le week-end dernier les réseaux sociaux à Marrakech avant de rebondir ailleurs au Maroc. Et même plus loin.
Le ton est solennel, affirmatif, ne laissant pas la moindre interstice au doute. En bref ça donne cette tirade éloquente : « Moi Hakim Benfellah, j’ai appris du Général Boulahya de l’hôpital militaire…le variant Delta se propage…une catastrophe noire…confinement général…tout va être fermé …le Colonel Major Seghini, mon cousin Rabat confirme…faites attention, la vague va être très forte… »

Plus de vingt-quatre heures après, l’auteur de l’audio, devenue virale, reconnaît explicitement qu’il a voulu exagérer dans un souci pédagogique, créer un choc pour stopper le relâchement et le laisser-aller visibles jusque dans les lieux publics et dans les administrations.

Trop tard selon cet hôtelier révolté qui vient de perdre, preuve à l’appui, un bon client germanique. Les annulations de réservation ont été enregistrées aussi dans l’immédiat. Et nombreuses sont les voix de la société civile qui ont dénoncé cette mascarade paniquant une population fragilisée qui se remet à peine à retrouver vitalité et espoirs.
On s’attendait dimanche dernier à ce que ce désordre intolérable puisse être traité comme il se doit.
Un autre traitement est possible, celui des observateurs de la chose publique , surtout les universitaires et les chercheurs. Ils tentent de comprendre le phénomène et de le comparer à d’autres situations similaires. Pour une première approche ils ont en tête le travail sur le boycottage en 2018 de Sidi Ali, Afriqia et Danone. Tout comme Jaouad Bennis et Abdelhadi Samadi du Laboratoire de Recherches en Communication Société de l’Université Hassan II à Casablanca, nos chercheurs veulent comprendre la genèse de ce qu’on peut appeler le Syndrome Covidien de Marrakech.
L’examen intelligent de ce phénomène universel peut s’inspirer aussi des travaux de l’illustre Edgar Morin (qui séjourne à Marrakech où il célèbre ses 100 ans).Bien avant ,en 1969, notre vénérable centenaire a dirigé un essai devenu une référence. « La Rumeur d’Orléans  » retrace les remous et les dimensions d’une affaire médiatique et politique .L’ouvrage dissèque la rumeur sur la disparition de jeunes filles dans les salons d’essayage de commerçants juifs.
La rumeur de Marrakech se place dans un contexte beaucoup plus complexe. Le sujet de la Cité Rouge, métropole historique, destination touristique, chamboulée par le Covid 19 nous apprendra beaucoup plus sur nous-mêmes que sur son auteur . Elle est portée par ce phénomène de transmission d’une conversation à prétention de vérité puisée dans les sources bien informées et de révélations crédibles, surfant sur des moyens de communication formels

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