L’Avenir du Gouvernement Espagnol en Balance : Puigdemont Retient son Soutien à Sánchez

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez voit sa reconduction au pouvoir dépendre entièrement de Carles Puigdemont. L’indépendantiste catalan, bien conscient de sa position clé, joue la carte de l’attente pour montrer que son soutien au socialiste ne sera pas accordé sans contreparties. Alors qu’un accord paraissait imminent jeudi, aucun signe n’a été donné en ce sens ; au lieu de cela, Puigdemont a envoyé un message de prudence sur les réseaux sociaux, allusion voilée à l’impatience des socialistes.
Fuyant les actions en justice espagnoles, Puigdemont s’est réfugié près de Bruxelles et de là, il continue à influencer le destin politique espagnol. Depuis l’échec de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, il a convoqué la direction de son parti, Junts per Catalunya (JxCat), dans un hôtel belge. L’absence d’une annonce directe, malgré la présence d’un pupitre prêt pour une déclaration, a semé le doute sur la concrétisation de l’accord.
Puigdemont exige, pour le soutien de ses sept députés essentiels à la majorité parlementaire, une amnistie pour les indépendantistes poursuivis. Cette condition, bien que controversée, a été acceptée par les socialistes, permettant potentiellement à Puigdemont de revenir en Espagne six ans après son exil.
Toutefois, des « divergences de dernière minute » ont été évoquées par Jaume Asens, membre de la gauche radicale et négociateur de l’accord avec JxCat, sans donner de détails précis. Malgré ces différences, qualifiées de « si infimes » qu’un échec de l’accord serait « impossible », l’accord n’a pas encore été finalisé.
Selon Antonio Barroso, analyste chez Teneo, l’hésitation de Puigdemont est attribuable à la compétition pour l’hégémonie politique en Catalogne, opposant son parti à ERC. Junts, connu pour sa position plus radicale et son opposition frontale au gouvernement Sánchez, contraste avec l’approche plus modérée et dialoguante d’ERC.
Ce jeu politique interne catalan est crucial, les deux partis ayant autrefois collaboré au sein du gouvernement régional durant la tentative de sécession, avant que leur alliance ne se désagrège l’année dernière. Aujourd’hui, ERC gouverne seul en Catalogne, Junts critiquant sa stratégie jugée trop conciliante envers Madrid.
Puigdemont cherche à établir une « narration » de l’accord qui se distingue de celle d’ERC, et à avoir le « dernier mot », comme le suggère le journaliste Enric Juliana dans le quotidien La Vanguardia.