Le fléau des drogues au Maroc : L’essor des gangs

Les activités liées à la drogue, telles que le proxénétisme, la prostitution, la pornographie et le blanchiment d’argent, sont devenus des faits divers réguliers qui font la une des affaires criminelles du pays, en particulier dans des villes comme Marrakech et Tanger. Ces derniers jours, ces villes ont été au centre de l’attention médiatique en raison de nombreux cas de blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue.
De nos jours, certaines révélations semblent être faites plus facilement. « Tout le monde est au courant. Les gens en parlent parce que tout le monde en parle », déclare-t-on. Cette redondance reflète la réalité de villes comme Marrakech et Tanger. Le trafic de drogue a pris une dimension plus mondialisée, loin des réseaux locaux. On se souvient du gang qui agissait sous les ordres d’une célèbre « Hajja » ou du gang « natural hi local » dont l’affaire a révélé l’ampleur de la consommation de cocaïne dans la ville rouge. La réalité de la drogue ne peut plus être ignorée, elle ne relève plus de la fiction. D’ailleurs, Marrakech a adopté depuis des années des comportements urbains qui imposent certaines règles tout en introduisant de nouvelles dynamiques.
La ville, connue pour son ambiance festive et ses plaisirs, oscille entre le licite (toléré) et l’illicite (criminalité clandestine). Ce n’est un secret pour personne, ce sont les communautés étrangères de Marrakech qui sont les mieux informées des secrets de la cité. De nombreux touristes et résidents s’inquiètent pour l’avenir de leur ville : « Marrakech a beaucoup changé en peu de temps. Le développement spectaculaire du tourisme est une bonne chose, mais comme partout où des personnes riches et célèbres s’installent, cela attire aussi la criminalité. Drogues dures, prostitution excessive et surtout pédophilie, voilà le danger. »
Un résident européen vivant à Marrakech depuis plus de dix ans témoigne de l’évolution « prévisible » de la ville au cours des dernières années : « Les circuits sont certes fermés, mais ils se multiplient. Nous avons nous-mêmes été invités à des soirées très exclusives. L’alcool et les joints ne sont plus à la mode à Marrakech. » Il serait erroné de penser que ces pratiques sont vécues uniquement par les étrangers de la ville. Les récentes affaires de consommation de crack à Marrakech ont surtout mis en lumière des Marocains toxicomanes. Là où il y a de l’argent, les drogues dures dictent les règles. « Les circuits sont fermés, mais il suffit d’avoir un fournisseur pour satisfaire toutes ses connaissances. »
Selon d’autres étrangers installés à Tanger, il est impossible d’éviter la drogue dure dans une ville dédiée aux plaisirs en tous genres : « On ne peut pas s’attendre à ce que toutes ces personnes fortunées arrosent leurs soirées de champagne uniquement. L’élégance consiste à offrir d’autres substances mondaines aux invités. » C’est là que les dealers bien habillés entrent en jeu. Ils jouent le rôle d’intermédiaires et assurent le bon déroulement du trafic au sein de la communauté. Ainsi, les fuites sont évitées et le business est maîtrisé. Selon une source bien informée à Marrakech, il est possible de voir des individus arriver avec de la cocaïne dans leurs bagages. Il est impossible de contrôler tout le monde, et ces affaires de drogue nuisent au tourisme. Si les autorités ferment les yeux, cela se propage. Si les forces de police sévissent, les touristes s’en vont.
Selon un homme familier des affaires criminelles, il existe deux types de circuits : « les Européens qui travaillent entre eux, et les MRE (Marocains Résidant à l’Étranger) qui sont destinés à une autre clientèle. Ce sont deux mondes différents,et il est difficile pour les autorités de les contrôler efficacement. » Les réseaux de trafic de drogue au Maroc sont souvent liés à des gangs internationaux qui opèrent à travers des frontières poreuses.
Les efforts des autorités marocaines pour lutter contre le trafic de drogue sont bien réels, mais ils sont confrontés à des défis importants. Le Maroc est l’un des principaux producteurs de cannabis au monde, et malgré les efforts de répression, la culture illicite de cannabis continue d’exister dans certaines régions du pays. De plus, le trafic de drogue est souvent lié à d’autres activités criminelles telles que le blanchiment d’argent, ce qui rend la tâche des forces de l’ordre encore plus complexe.
Le gouvernement marocain a mis en place des mesures pour renforcer la lutte contre le trafic de drogue, en renforçant les capacités des forces de sécurité, en améliorant la coordination entre les différentes agences chargées de l’application de la loi, et en renforçant la coopération internationale dans ce domaine. Cependant, le défi reste important et il faudra des efforts soutenus pour faire face à cette menace.
Il convient de noter que le Maroc est également engagé dans des initiatives de développement et de lutte contre la pauvreté dans les régions où la culture illicite de cannabis est répandue. Ces initiatives visent à fournir des alternatives économiques légales aux cultivateurs de cannabis, afin de réduire leur dépendance à cette activité illicite.
En conclusion, le Maroc est confronté à des défis importants liés au trafic de drogue, en particulier dans certaines villes comme Marrakech et Tanger. Les activités criminelles liées à la drogue, ainsi que d’autres formes de criminalité, posent des problèmes de sécurité et ont un impact sur le tourisme. Les autorités marocaines sont engagées dans la lutte contre ce fléau, mais il reste encore du travail à faire pour éradiquer complètement le trafic de drogue et ses conséquences.