Le rôle des médias dans le traitement des mouvements de protestation jeunesse au Maghreb

Le rôle des médias dans le traitement des mouvements de protestation jeunesse au Maghreb

Le Centre maghrébin d’études et de recherches en communication et médias, qui suit de près les mouvements de protestation des jeunes dans plusieurs villes et régions, s’est penché sur la qualité professionnelle du traitement médiatique de ces événements. Le centre souligne l’importance pour les médias de jouer un rôle actif dans l’ouverture d’un débat public pluriel, permettant la confrontation d’opinions de différents acteurs issus de divers horizons et champs de connaissance.

Selon le centre, il est essentiel que les médias abordent ces mouvements selon des perspectives variées et croisées, offrant au public national et international une image claire et précise des manifestations et de leurs impacts sur l’avenir du pays dans des domaines clés tels que la santé, l’éducation, l’emploi et la lutte contre la corruption, qui constituent les principales revendications des jeunes.

Le centre note toutefois qu’au lieu de consacrer l’attention des médias publics à ce mouvement, comme le font les pays développés, ces derniers se limitent souvent à relayer les communiqués officiels et les points de vue des autorités, tout en négligeant les avis des acteurs, chercheurs et experts indépendants. Cette approche favorise la circulation de rumeurs et d’informations trompeuses.

Le Centre maghrébin insiste donc sur la nécessité pour les médias publics, au service de l’intérêt général, de diffuser des informations fiables provenant de sources multiples, de couvrir les événements en direct et d’utiliser différents genres journalistiques tels que l’enquête et le reportage. Il s’agit de promouvoir la recherche objective de la vérité, l’ouverture au débat, et l’indépendance rédactionnelle, plutôt que de se contenter de répéter les messages officiels sous prétexte d’“attendre des instructions”. La mission de service public repose sur des critères de qualité, de professionnalisme, de diversité et de concurrence loyale, ainsi que sur le soutien aux valeurs démocratiques et citoyennes.

Le président du centre, Jamal Al-Muhafid, rappelle que malgré les revendications légitimes des jeunes derrière ces manifestations pacifiques, les événements révèlent une fois de plus les faiblesses structurelles du paysage médiatique national, qui n’a pas pleinement tiré parti des opportunités offertes par la révolution numérique.

Le centre souligne que les médias auraient pu devenir un espace de débat public libre, permettant l’échange d’opinions entre acteurs de différents niveaux et horizons, et éviter ainsi que ce mouvement social et citoyen ne soit instrumentalisé à des fins qui ne servent pas l’intérêt général.

Si les médias, en particulier publics, ont parfois montré leur capacité à couvrir professionnellement certaines crises récentes, comme la pandémie de Covid-19 en 2020 ou le tremblement de terre de Al-Haouz en 2023, le centre constate que l’approche traditionnelle et “attentiste” a repris le dessus, limitant l’initiative et la réactivité nécessaires pour un traitement approprié des événements, laissant le champ libre aux médias étrangers ou non institutionnels.

Dans ce cadre, et en tant qu’institution civile indépendante, le Centre maghrébin prépare actuellement un colloque scientifique sur le rôle des médias dans les mouvements de protestation des jeunes, réunissant journalistes, experts et acteurs de la société civile et des droits humains. Cette rencontre fait suite à un premier colloque organisé par le centre sur les mouvements de protestation dans la région maghrébine.

 

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