Le séisme frappe durement le précieux patrimoine de Marrakech
Le puissant séisme qui a frappé le centre du Maroc pendant la nuit du 8 au 9 septembre a eu un impact dévastateur non seulement sur les populations de la région montagneuse, mais aussi sur son patrimoine. Selon la presse étrangère, la médina de Marrakech a subi de nombreux dommages.
Une image a circulé dans le monde entier : le minaret de la mosquée Kharbouch s’effondrant devant des passants terrifiés qui s’enfuient sur la célèbre place Jemaa El-Fna. Cette image témoigne de la violence du séisme qui a frappé la région de Marrakech cette nuit-là. Le séisme, le plus violent jamais enregistré au Maroc, a fait plus de 2 900 morts et a défiguré la médina de cette cité médiévale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui attriste profondément la presse étrangère. Bien que le séisme de magnitude 6,8 ait frappé plus durement les villages reculés des montagnes du Haut Atlas, une dizaine de personnes ont également perdu la vie à Marrakech même.
La médina de Marrakech porte également les stigmates du choc : « Le minaret emblématique de la mosquée Koutoubia présente d’importantes fissures, tandis que celui de la mosquée Kharbouch, sur la place Jemaa El-Fna, est presque entièrement détruit, et de nombreux pans des murailles historiques de la ville se sont effondrés. La zone la plus touchée de la ville est le Mellah, le vieux quartier juif, où des bâtiments historiques ont été très endommagés », explique Éric Falt, directeur régional de l’UNESCO, dans The Art Newspaper, une revue spécialisée. Les dommages « constituent une perte inestimable pour le patrimoine national marocain », déplore-t-il.
Marrakech, une cité au passé riche, a été fondée en 1062 par la dynastie des Almoravides et a été pendant des décennies « la capitale du Maroc, ainsi qu’un centre culturel et économique du royaume chérifien », précise New Arab. Le site d’information panarabe décrit également les cicatrices qui défigurent le cœur vibrant de cette ville touristique.
Dans la médina elle-même, « de nombreux bâtiments anciens sont endommagés, y compris des boutiques traditionnelles et des riads », et dans le quartier juif, « plusieurs bâtiments se sont complètement effondrés, tandis que d’autres sont interdits d’accès en raison des risques d’effondrement liés aux répliques du séisme ». La muraille de grès rouge entourant la cité présente de profondes crevasses et certaines parties se sont effondrées.
Le journal espagnol El País souligne quant à lui à quel point la médina est un lieu de richesses culturelles, classées au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Habituellement, la place Jemaa El-Fna s’anime le soir au son des musiciens gnaoua, des conteurs traditionnels et des marchands ambulants. La place s’est transformée en dortoir à ciel ouvert au fil des heures qui ont suivi le séisme, mais les cafés et restaurants ont été relativement épargnés, selon le quotidien. D’autres sites historiques aux environs de Marrakech ont également été touchés, comme le ksar d’Aït-Ben-Haddou, un village fortifié de la province de Ouarzazate situé sur l’ancienne route des caravanes menant au Sahara.
Alors que l’évaluation des destructions risque de s’aggraver, Éric Falt estime qu' »il est nécessaire de prévoir immédiatement la deuxième phase, qui comprendra la reconstruction des écoles et des sites culturels ».