Le vélo, un moyen de locomotion au service du développement

Le vélo, un moyen de locomotion au service du développement

Niché en plein cœur de l’ancienne Médina de Marrakech, un vieux dépôt de la municipalité a bénéficié de coups de pinceau et de travaux d’aménagement, à l’initiative d’une jeune Néerlandaise qui, à la tête d’une équipe jeune et dynamique, a transformé cet espace en un atelier de réparation de vélos lançant ainsi, « Pikala Bikes », une initiative citoyenne inédite qui vise à faire de la bicyclette un véritable moyen de locomotion au service du développement socioéconomique.

Chez cette jeune Néerlandaise, Cantal Bakker, l’idée a germé lors de son premier séjour à Marrakech en 2015, quand elle a opté pour l’utilisation d’une bicyclette pour ses multiples déplacements dans différents coins de la cité ocre.

« Une belle expérience, riche de beaux souvenirs, qui m’a permis de découvrir le charme, l’authenticité à la splendeur des ruelles de Marrakech, et je voulais partager cette expérience », se souvient avec tant de joie et de fierté la fondatrice de l’ONG « Pikala Bikes ».

« Ainsi, le projet a été lancé en 2016 comme initiative personnelle d’une jeune fille des Pays-Bas. Pour ce faire, j’ai apporté mon propre vélo d’Amsterdam et j’ai investi mon argent personnel, car j’ai trop de passion et je suis complètement convaincue du potentiel existant pour promouvoir davantage l’utilisation des vélos à Marrakech », a-t-elle déclaré à la MAP.

Et de poursuivre que le vélo, cet outil de locomotion des plus prisés à Marrakech, est porteur de solutions positives tant pour la communauté, que pour l’environnement ou encore pour résoudre les difficultés liées à la mobilité urbaine.

Depuis cette date, cet atelier dédié à « relooker » et réparer les vélos, a pu accueillir une trentaine de jeunes venus y travailler, avec pour finalité de créer en leur faveur d’énormes opportunités en matière d’éducation et d’emploi, a expliqué Mme Bakker, faisant savoir que l’ambition est également de parvenir à améliorer la mobilité durable, à protéger le centre-ville historique, du trafic motorisé et à renforcer la sensibilisation sur l’impératif de la préservation de l’environnement.

« Pikala Bikes est un +playground professionnel+ où les jeunes peuvent se développer et décrocher leur premier emploi », relève la jeune militante associative, entourée de Khaoula El Haidi, Amina Boutbi et Issam Facil, des jeunes Marrakchis, qui ont eu le privilège de travailler dans ce projet depuis ses débuts.

Khaoula, Amina et Issam avaient entamé leurs carrières, au sein de « Pikala Bikes », en tant qu’accompagnateurs des touristes lors de leurs ballades à vélos dans la cité ocre. Petit à petit, ces férus des deux roues ont développé leurs compétences pour devenir des managers au sein du projet.

« Chez Pikala Bikes, tout le monde travaille pour développer ses compétences et avec les revenus des activités commerciales, on aide d’autres personnes de la communauté », explique Mme Bakker, soulignant qu’à « Pikala Bikes », la bicyclette devient « notre ‘véhicule » pour créer un mouvement positif et contribuer au développement social ».

Dans ce sens, il convient de noter que « Pikala Bikes » a assuré la formation/emploi de 30 jeunes pour devenir des managers, des techniciens, des livreurs (livraison verte) et des accompagnateurs des touristes à vélo.

Assurée par des professionnels locaux et internationaux, cette formation comprend une initiation aux multiples techniques en rapport avec les vélos, outre le renforcement des compétences personnelles (développement personnel), la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes, ainsi que la programmation de cours en anglais et en économie.

S’agissant des services éco-touristiques, Mme Bakker n’a pas manqué de s’attarder sur un projet qui lui tient pleinement à cœur à savoir : « Pikala Binatna ». « En partenariat avec l’INDH, la commune de Marrakech, la commune Mechouar Kasbah et l’association Grand Atlas, nous avons lancé le projet éco-touristique +Pikala Binatna+, dans la perspective de créer de l’emploi en faveur des jeunes et encourager, ainsi, l’éco-tourisme à Marrakech », se rappelle-t-elle.

Grâce aux jeunes qui ont développé leurs compétences au sein du projet « Pikala Bikes », l’association offre une quinzaine d’opportunités de stage annuellement, permettant aux jeunes marocains et étrangers de développer et de consolider leurs expériences professionnelles.

Par ailleurs, les jeunes de « Pikala Bikes » ont assuré des cours d’initiation au vélo au profit de plus de 250 filles et femmes de Marrakech, en les encourageant à utiliser la bicyclette comme moyen de déplacement sûr, sécurisé et éco-friendly et ce, tout en leur apprenant les règles et principes du Code de la route à respecter scrupuleusement.

Dans le même sillage et compte tenu de la mission de sensibilisation qui lui est dévolue, « Pikala Bikes » a initié des ateliers dédiés à la sécurité routière au profit de plus de 2.000 enfants.

« L’équipe de Pikala Bikes est très diverse, ainsi que les bénéficiaires. Je suis vraiment touchée de voir toute cette diversité qui travaille, côte à côte, en toute symbiose en créant une synergie positive pour réaliser nos objectifs : des jeunes qui ont quitté les bancs de l’école, des jeunes filles de l’université, des étrangers, des experts issus du monde rural, des analphabètes (en train d’apprendre la langue arabe) et des enfants du quartier…. », s’est félicité la fondatrice de ce projet.

Pour réussir toutes ses initiatives, « Pikala Bikes » s’est appuyé sur des partenariats public/privé pour élargir son impact et avoir un soutien d’implémentation au niveau national, notamment grâce à des collaborations avec le gouvernement (les autorités locales et les ministères).

Avec le privé, ce projet citoyen cherche deux types de collaborations : commerciale (les entreprises qui voudraient utiliser ses services de livraison en bicyclettes, de l’éco-tourisme ou de location de vélos) et sociale (bailleurs de fonds, subventions…).

Dans ce sens, elle s’est félicité du soutien de « TUI Care Foundation », de l’ambassade des Pays Bas et de l’Organisation Mondiale du Tourisme, ainsi que des projets nationaux comme ESPOD, Henna Café, Amal Center for Women, le Centre National Mohammed VI des Handicapés…etc.

Grâce à ces collaborations, « Pikala Bikes » est en train de lancer des projets similaires dans d’autres villes du Maroc notamment, à Rabat, Essaouira, Agadir et à Taroudant.

« Nous constatons qu’il existe encore un grand potentiel pour la mobilité et la mobilisation des jeunes dans les grandes villes. Ainsi, « Pikala Bikes » travaille sur un concept de Student Bikes », explique Mme Bakker, ajoutant que des jeunes travaillent pour agrandir le service de livraison en vélo B2B et B2C.

Il s’agit d’un grand projet sur l’espace public (inclusion), outre une campagne nationale sur la sécurité routière, a-t-elle enchainé.

« De grandes ambitions et beaucoup d’énergie… nous invitons tout le monde à partager notre histoire et rejoindre notre projet : utiliser la bicyclette pour un mode de vie sain dans le but de créer des villes inclusives et durables », a conclu la jeune Néerlandaise, sur une lueur d’enthousiasme et d’espoir.

source: map

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