L’Office des Changes Renforce le Contrôle des Investissements Marocains à l’Étranger
L’Office des Changes a récemment lancé une nouvelle série de vérifications concernant les autorisations d’investissements accordées à des entreprises marocaines opérant à l’étranger. Ces contrôles, qui se concentrent sur les flux financiers enregistrés au cours des trois dernières années, visent à examiner la conformité des opérations avec les réglementations en vigueur.
Cette opération de vérification porte principalement sur les rendements des investissements réalisés en Afrique et en Asie par des sociétés marocaines, notamment dans les secteurs des nouvelles technologies, de la construction, de l’immobilier et de l’agroalimentaire. Les premiers résultats ont mis en lumière des écarts notables entre les montants investis via des transferts bancaires autorisés et les profits déclarés par les maisons mères, basées au Maroc. Ces écarts suscitent des interrogations sur le respect des lois encadrant les flux de devises, certains cas étant suspectés de dissimuler des opérations illicites de transfert de capitaux.
Par ailleurs, plusieurs des entreprises concernées ont sollicité des banques pour réaliser des transferts de fonds, justifiant ces demandes par des besoins urgents liés à leurs activités à l’international. Toutefois, ces demandes se heurtent parfois aux réserves de certaines institutions bancaires, notamment en raison des mesures strictes imposées par l’Office des Changes et Bank Al-Maghrib dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Certains pays, où les entreprises marocaines investissent, restent classés parmi les zones à haut risque par le Groupe d’action financière (GAFI), malgré les efforts du Maroc qui a réussi à sortir de la liste grise de cette organisation.
Les conditions d’investissement à l’étranger imposées par l’Office des Changes, en vertu de l’article 169 de la réglementation de 2024, prévoient que les entreprises marocaines doivent justifier de trois ans d’activité et disposer de comptes certifiés sans réserve. Ces investissements doivent être en lien direct avec leur activité principale, à l’exclusion des placements financiers ou immobiliers. Le montant maximal autorisé pour un investissement à l’étranger est fixé à 200 millions de dirhams par an.
Cette démarche s’inscrit dans une volonté de préserver les réserves en devises du pays, jugées essentielles pour maintenir les équilibres macroéconomiques du Maroc. En effet, la gestion rigoureuse des flux financiers est cruciale pour répondre aux exigences des institutions internationales, comme le FMI et la Banque mondiale.
L’article 170 des directives de change permet aux banques d’effectuer des transferts nécessaires aux investissements, sous réserve du respect des critères imposés. Toutefois, les opérations visant à compenser des pertes accumulées nécessitent une autorisation préalable de l’Office des Changes.