Maroc-Turquie : la nouvelle version de l’accord de libre- échange est entrée en vigueur
Moulay Hafid Elalamy le ministre de l’industrie et du commerce et son homologue turc, Ruhsar Pekcan.
Très attendu par la communauté des affaires, l’accord sur l’avenant de l’accord de libre- échange (ALE) Maroc-Turquie, signé en août dernier entre les deux pays, est entré en vigueur. L’amendement de cet ALE a été publié au dernier bulletin officiel. Les principales nouveautés.
Jamais un ALE signé par le Maroc n’a été critiqué comme celui noué avec la Turquie, obligeant même le ministre de l’industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, à s’engager en novembre 2019 devant la Chambre des conseillers que « les ALE qui nuisent au Maroc [seraient] dénoncés ». C’est ainsi que le 15 janvier 2020, Elalamy et son homologue turc, Ruhsar Pekcan, ont convenu, à l’issue de leur rencontre à Rabat, de revoir les conditions de l’ALE pour un commerce plus équilibré. Depuis, une commission technique Maroc-Turquie a été mise en place pour étudier les possibilités de rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays. Celle-ci, après plusieurs mois de travail, est parvenue à amender l’accord. Signé en août dernier et adopté le 8 octobre 2020 en conseil de gouvernement, cet amendement, scellé par un avenant à l’accord de 2004 (entré en vigueur en 2006), a été publié au dernier bulletin officiel, le jeudi 13 mai. Qui des principales nouveautés ?
Rabat a obtenu d’Ankara une liste négative de produits sur lesquels les droits de douanes seront rétablis à hauteur de 90% du droit commun. Cette liste négative concerne plus de 1.200 produits, correspondant à 630 positions tarifaires, liées aux secteurs du textile-habillement, du cuir, de la métallurgie, de l’électricité, du bois et de l’automobile. A noter que ces nouveaux droits de douane restent valables pour une période de 5 ans, renouvelable une seule fois pour la même période. Cerise sur le gâteau : l’amendement prévoit la possibilité de rétablir les droits de douane sur les produits originaires de Turquie et qui peuvent causer des dommages à l’industrie marocaine.
Aujourd’hui, aussi bien la tutelle que la communauté des affaires, tout le monde compte sur cet amendement pour rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays.
Car depuis l’entrée en vigueur de l’ALE, la Turquie semble profiter plus des facilités de l’accord, du moins si l’on s’en tient aux statistiques.
En effet, le déficit commercial du Royaume avec la Turquie a atteint 19,5 milliards de DH en 2019. Il a quasiment quadruplé depuis l’entrée en vigueur de l’ALE. Les importations dans le cadre de ce dernier représentent les trois quarts des importations depuis la Turquie. Le déficit commercial avec ce pays est le troisième plus important par pays, après la Chine (-47 milliards de DH) et les Etats-Unis (-25 milliards de DH). Toujours est-il qu’il va attendre au moins une année pour mesurer l’impact des changements.