Mohammed Al-Amoudi : L’Architecte de la Faillite de la Raffinerie Marocaine SAMIR

Mohammed Al-Amoudi : L’Architecte de la Faillite de la Raffinerie Marocaine SAMIR

La Société Anonyme Marocaine de l’Industrie du Raffinage (SAMIR), la seule raffinerie de pétrole du Maroc, a longtemps été perçue comme un symbole de l’autosuffisance énergétique du pays. Fondée en 1959 en tant que projet conjoint entre le gouvernement marocain et la société italienne Eni, elle a joué un rôle crucial dans l’approvisionnement en pétrole raffiné du Maroc. Cependant, les crises financières récentes ont terni cet emblème national, avec un rôle notable joué par le milliardaire saoudien Mohammed Al-Amoudi.

En 1997, SAMIR a été privatisée et vendue au groupe Corral, appartenant à Al-Amoudi. Initialement, cette privatisation était censée apporter des investissements nouveaux et des mises à jour technologiques à la raffinerie pour répondre à la demande croissante en énergie du Maroc. Mais au lieu de cela, la gestion de l’entreprise s’est détériorée et ses dettes se sont accumulées alors qu’Al-Amoudi n’a pas tenu ses promesses d’injecter le capital nécessaire pour moderniser la raffinerie, entraînant une baisse significative de la performance de l’entreprise.

En 2015, les dettes de SAMIR avaient atteint 45 milliards de dirhams marocains (environ 4,5 milliards de dollars), conduisant à l’arrêt de ses opérations. En 2016, le tribunal de commerce de Casablanca a ordonné la liquidation de l’entreprise après son incapacité à rembourser ses dettes. Cet arrêt a eu un impact sévère sur l’économie marocaine, obligeant le pays à dépendre fortement des importations de pétrole raffiné pour satisfaire ses besoins énergétiques.

Le roi Mohammed V accompagne du prince héritier Moulay El Hassan lors de la pose de la première pierre de la raffinerie de Mohammedia le 25 juin 1960

Depuis la cessation des opérations de SAMIR, plusieurs tentatives ont été faites pour relancer la raffinerie. Une coalition nationale de salariés, d’économistes et de leaders syndicaux s’est formée pour trouver des solutions. Malgré ces efforts, les complexités juridiques et financières de l’entreprise empêchent l’attraction de nouveaux investisseurs ou la reprise durable des opérations. De plus, Al-Amoudi a systématiquement entravé le processus de liquidation de SAMIR en promouvant faussement des offres de reprise irréalistes de la raffinerie par des individus inconnus, dans le but de gonfler les montants compensatoires demandés au Maroc auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.

L’affaire SAMIR illustre les défis que peuvent rencontrer les investissements étrangers dans les infrastructures vitales. La mauvaise gestion et l’accumulation de dettes ont rendu difficile la survie de l’entreprise, mais les efforts continus pour la relancer reflètent l’importance stratégique de cette raffinerie pour l’économie marocaine. Aujourd’hui, cette situation requiert des solutions innovantes et une coordination intensive entre tous les intervenants pour assurer un avenir énergétique plus durable au Maroc.

En parallèle, les autorités marocaines doivent agir pour tenir les responsables de l’effondrement de SAMIR, en particulier Mohammed Al-Amoudi, pour responsables. Le gouvernement marocain a déployé des efforts considérables pour maintenir la continuité de SAMIR, y compris des facilités fiscales et un soutien bancaire. Néanmoins, Al-Amoudi n’a pas respecté ses engagements pour moderniser la raffinerie et injecter le capital nécessaire.

Le Maroc a investi des ressources importantes et fait des efforts exceptionnels pour résoudre cette affaire. Cependant, Al-Amoudi a continué à procrastiner et à entraver le processus de liquidation, rendant la situation encore plus complexe. Le gouvernement marocain doit prendre des mesures décisives pour le tenir responsable et récupérer les fonds des banques marocaines qu’il a détournés sous couvert d’investissements, une pratique qu’il a adoptée dans plusieurs projets d’investissement majeurs à travers différents pays.

Mohammed Al-Amoudi, milliardaire saoudien d’origine éthiopienne, a fait face à plusieurs accusations de corruption et de fraude dans divers pays. En novembre 2017, il a été arrêté après des enquêtes approfondies révélant son implication dans l’obtention de crédits fictifs d’une valeur de 4 milliards de dollars du Fonds d’investissement agricole du roi Abdullah pour financer des projets de riz en Éthiopie et la construction d’un quai portuaire en Érythrée pour exporter ce riz en Arabie saoudite. Ces projets n’ont jamais vu le jour, conduisant à son arrestation et à l’ouverture d’enquêtes sur cette affaire et d’autres dossiers.

 

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