Mondial 22: Le Maroc rêve d’aller loin, avec l’exploit de 1986 en tête
Le Maroc, qui évolue dans le groupe F, entamera la compétition mercredi contre la Croatie, finaliste malheureuse en 2018, avant d’affronter la Belgique dimanche et le Canada le 1er décembre.
En rêvant de voir leur équipe, qui dispute son sixième Mondial, se qualifier dans ce groupe relevé avant d’aller le plus loin possible, les Marocains invoquent le souvenir de l’exploit du Mexique il y a 36 ans.
Les Lions de l’Atlas avaient atteint le deuxième tour, éliminés par les futurs finalistes allemands après leur avoir tenu tête pendant 88 minutes et un coup-franc de Lothar Matthäus (0-1).
« Personne n’avait parié qu’on allait gagner un match, on a fini premier de notre groupe », se souvient l’ancien capitaine et gardien de l’équipe nationale Badou Zaki.
Certains y voient un signe du destin, d’autres un simple hasard du tirage, mais comme c’est le cas au Qatar, le Maroc figurait au Mexique au sein du groupe F, aux prises avec trois prestigieux adversaires: l’Angleterre de Gary Lineker, la Pologne de Zbigniew Boniek et le Portugal de Paulo Futre.
Pour leur deux premières rencontres, les Lions — entraînés par le brésilien José Faria décédé en 2013 au Maroc — réalisent deux nuls vierges contre la Pologne puis l’Angleterre.
« Après ces deux matches, les journalistes ont commencé à s’intéresser à nous », se remémore l’attaquant Abdelkrim Merry, plus connu sous son surnom Krimau, auteur d’un des trois buts inscrits lors du troisième match du groupe remporté contre le Portugal (3-1).
Une épopée qui s’achevait au bout du match contre l’Allemagne. « C’était un manque d’attention mais Matthäus a toujours marqué ses coups francs ! », regrette Krimau, aujourd’hui âgé de 67 ans.
« Victoire »
Le parcours de l’équipe marocaine était « une victoire en soi, cela a boosté la confiance des équipes africaines », estime le journaliste sportif Said Zadouk qui avait couvert le Mondial mexicain pour la télévision publique marocaine.
Selon M. Zaki, cette qualification historique en huitième a contribué « à persuader la FIFA d’augmenter la présence africaine en Coupe du monde ».
Jusqu’en 1982, une seule place était réservée à l’Afrique en Coupe du monde avant de passer à deux, trois puis à cinq au Mondial en France en 1998).
Si le Maroc ne s’est pas qualifié pour le Mondial suivant en 1990, une autre sélection africaine, le Cameroun des Lions Indomptables, est entrée à son tour dans l’histoire du ballon rond africain en se qualifiant en quart de finale du tournoi organisé en Italie.
Le Ghana était sur le point de faire mieux et de se hisser en demi-finale lors de l’édition 2010 en Afrique du Sud avant d’être éliminé dans des conditions rocambolesques par l’Uruguay: le « bad boy » de la Céleste Luis Suarez l’avait privé de la victoire en détournant de la main quelques instants avant le sifflet final un coup de tête ghanéen qui filait dans le but vide.
L’attaquant ghanéen Asamoah Gyan a raté le penalty sanctionnant le geste de Suarez, avant que les Black Stars ne s’inclinent lors de la séance des tirs au but qui a départagé les deux équipes à l’issue de la prolongation.
« Fabuleux »
Le retour des Lions de l’Atlas à la maison après leur épopée mexicaine était « fabuleux », se souvient Krimau, qui a évolué dans plusieurs clubs français, notamment Bastia, Saint-Etienne, Toulouse et Lille.
Pour Zaki et Krimau, le succès de 1986 n’était pas dû au hasard mais le fruit d’une bonne préparation et de la cohésion du groupe.
« Une Coupe du monde était l’unique occasion de se montrer au monde », dit Badou Zaki.
C’est l’ancien international Walid Regragui, nommé sélectionneur fin août, qui conduira l’équipe au Qatar après l’éviction du Franco-Bosnien Vahid Halilhodzic, qui a payé son refus de sélectionner une de stars du football marocain, Hakim Ziyech (Chelsea).
« Regragui a insufflé un dynamisme et un esprit combatif à l’équipe qui, selon moi, est capable de répéter l’exploit de 86, malgré la difficulté du groupe », espère Badou Zaki.