Née en 1765 d’un acte visionnaire de rééquilibrage du territoire: Essaouira, entre un passé «riche» et un futur «écolo»

Durabilité
Faire de la durabilité un des aspects de développement d’Essaouira permettrait de maintenir l’homogénéité de la ville en tant que cité historiquement riche et touristiquement florissante. Pour y arriver, plusieurs projets sont actuellement lancés dans la ville alors que d’autres sont dans le pipe comme l’aménagement de la corniche et le projet de dessalement de l’eau de mer. Tour d’horizon des projets durables récemment lancés dans la ville des alizés.
Connue pour ses vents très appréciés par les adeptes de sports nautiques, Essaouira est une ville unique de par ses atouts naturels et son climat favorable au développement d’activités sportives de haut niveau. Elle offre de nombreuses activités intéressantes pour les touristes qui souhaitent visiter ce joyau de la côte atlantique marocaine. En plus des lieux à visiter, cette ville portuaire possède également une riche histoire basée sur la coexistence de différentes religions. Réputée aussi pour ses manifestations culturelles comme le Festival des Gnaoua qui a démarré le 22 juin 2023, Essaouira est une ville porte-drapeau du passé architectural du Maroc.
Actuellement, la ville des alizés fait l’objet de plusieurs projets visant à hausser son attractivité tout en respectant le volet environnemental et historique. Pour y parvenir, la durabilité reste une solution idoine pour assurer cet équilibre. Parmi les projets en cours on citera le projet d’aménagement de la corniche vers la route d’Agadir ou encore le projet de dessalement de l’eau de mer.
Une «nouvelle» corniche
La ville travaille sur l’aménagement de sa corniche via la route d’Agadir. Ce projet s’étend sur une superficie de 11 hectares. Il inclut plusieurs chantiers, à savoir la création d’un espace de jeux pour enfants, l’aménagement d’une place et d’une fontaine et la mise en place d’une piste cyclable-piéton ainsi qu’un parking. Ce programme vise également à créer un espace de workout avec des installations sportives et un espace de skate-park. Et ce n’est pas tout. La ville envisage aussi de développer des terrains de sport dans cette zone. Le budget prévisionnel pour ces travaux y compris l’aménagement extérieur est de 14 millions de dirhams.
Dessalement de l’eau de mer
Durant les dernières années, caractérisées par la succession de périodes de sécheresse et un accroissement continu des besoins en eau requis pour le développement socio-économique du pays, les ressources en eau conventionnelles ont été soumises à une forte pression. Parmi les solutions envisagées pour préserver les ressources naturelles figure le dessalement de l’eau de mer. Essaouira fait partie des villes concernées. A cet égard, une étude récemment lancée par l’ONEE est en cours pour la réalisation de ce projet.
La capacité de la future station de dessalement est d’environ 53 Mm3/an destinée à satisfaire les besoins en eau potable et ceux d’irrigation. Essaouira fait également partie d’une étude qui a été lancée par la direction générale de l’hydraulique relevant du ministère de l’équipement et de l’eau pour la réutilisation des eaux usées épurées au niveau de plusieurs centres (STEP) dans le cadre de la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, constituant la première phase du projet du Plan national de l’eau 2020-2050. En effet, le recours aux ressources en eaux non conventionnelles est une nécessité pour alléger le stress hydrique.
Une médina préservée
Essaouira veut protéger son patrimoine historique, notamment sa vieille médina. Car, rappelons-le, elle est classée patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. Pour ce faire, les nouvelles technologies seraient le parfait allié pour le suivi du patrimoine historique et l’aide à la décision. Dans ce sens, l’Agence urbaine de la ville a prévu dans le cadre de son plan d’action 2023 la réalisation d’une maquette 3D interactive pour la médina d’Essaouira et l’élaboration d’un système infogéographique. «En effet, la modélisation tridimentionnelle constitue un outil puissant pour la caractérisation des territoires urbains à forte pression et présente un support d’aide à la décision pour les acteurs du système de gouvernance afin d’assurer la compréhension de l’espace urbain et de permettre de mieux analyser l’impact des différentes interventions sur ce tissu urbain et notamment les médinas», explique l’Agence urbaine de la ville.
Connue sous le nom de Mogador, la médina d’Essaouira «est un exemple unique et bien préservé de la ville portuaire fortifiée à forte inspiration européenne du milieu du 18ème siècle, transposée dans un contexte nord-africain et en parfaite harmonie avec les préceptes d’architecture et d’urbanisme arabo-musulmans», explique l’Agence urbaine. Et d’ajouter : «Il s’agit des rares médinas existantes dont l’organisation a été planifiée en amont sur la base d’un plan d’urbanisme. Elle fut au début pensée en tant que «ville nouvelle » adossée à un important port international sur l’océan Atlantique».
Un petit saut dans l’histoire permet de rappeler que la ville a été conçue par Théodore Cornut, un architecte français spécialiste des fortifications militaires et profondément influencé par le style de l’ingénieur militaire Vauban à Saint-Malo, suite à une commande faite par le Sultan alaouite Sidi Mohammed Ben Abdallah. « Son œuvre fut poursuivie par d’autres architectes ingénieurs dont Ahmed Laalaj.
La naissance d’Essaouira avait résulté d’une lecture intelligente du monde de l’époque et d’un acte visionnaire de rééquilibrage du territoire national», explique l’Agence urbaine. Pour prolonger son passé historique et garder ce lien avec le passé, Essaouira dispose de plusieurs lieux témoins de sa richesse ancestrale. D’ailleurs, elle se dotera bientôt d’une cité des arts et de la culture.