Première Exportation Légale de Cannabis par le Maroc : Un Premier Pas Prometteur
La France, par l’intermédiaire du journal **Le Monde**, a récemment mis en lumière une avancée significative pour le Maroc : l’exportation pour la première fois de produits de cannabis produits légalement. Un quintal de poudre de cannabis, contenant moins de 1 % de tétrahydrocannabinol (THC), a été vendu à un prix oscillant entre 1400 et 1800 euros par kilo.
Cette cargaison a été expédiée vers la Suisse, soulignant l’enthousiasme suscité par ces exportations. Bien que les montants soient symboliques, les réactions positives dans la presse locale reflètent les grandes attentes du secteur privé marocain face à ce nouveau marché.
Depuis la promulgation de la loi autorisant l’usage légal du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles, les investisseurs nourrissent de grands espoirs. Selon le fonds d’investissement américain Insight Partners, la valeur du marché mondial du cannabis thérapeutique pourrait dépasser les 50 milliards de dollars (46,2 milliards d’euros) d’ici 2028.
Le secteur pharmaceutique marocain, représenté par la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP), espère générer des revenus annuels allant de 4,2 à 6,3 milliards de dirhams (environ 400 à 600 millions d’euros). Selon son président, le Maroc vise une part de marché européenne de 10 à 15 %, profitant de l’assouplissement des législations dans l’Union européenne, où le cannabis médical est déjà autorisé dans 21 des 27 États membres.
Le laboratoire pharmaceutique marocain, Sothema, a développé une quinzaine de médicaments à base de cannabis contenant une forte teneur en THC, destinés à traiter des maladies douloureuses telles que le cancer, la sclérose en plaques ou l’épilepsie.
Les producteurs marocains se tournent principalement vers les marchés européens, notamment l’Allemagne, le Danemark, la Suisse, l’Italie et la France, cette dernière ayant récemment autorisé l’usage médical du cannabis à titre expérimental. Cependant, l’harmonisation des réglementations reste un défi, surtout concernant les substances psychoactives.
Khalid Attaoui, directeur d’Axess Pharma, met l’accent sur les « bonnes pratiques agricoles sans pesticides ni métaux lourds, et sur des processus de fabrication reconnus », une exigence clé pour l’exportation de produits pharmaceutiques à base de cannabis.
Le journal **Le Monde** indique que la France n’est pas uniquement une cible d’exportation. Des entreprises françaises, telles que la coopérative Bio Cannat, sont impliquées au Maroc. Cette coopérative a traité une partie du cannabis exporté vers la Suisse, et bien que son directeur Aziz Makhlouf reste discret sur ses revenus, il affirme que 80 % de ceux-ci proviennent du marché local.
Bio Cannat a enregistré une dizaine de produits avec l’aide de laboratoires marocains, et compte enregistrer une trentaine d’autres produits, principalement des compléments alimentaires et des cosmétiques à base de cannabidiol (CBD), destinés à traiter diverses maladies. Certains de ces produits sont déjà disponibles en pharmacie au Maroc depuis juin dernier.
Le Maroc, par l’intermédiaire de l’Agence Nationale de Réglementation des Activités Relatives au Cannabis, affiche un optimisme prudent. En effet, le pays espère répliquer le succès du secteur automobile, devenu en 15 ans le premier secteur d’exportation du pays. Mohamed El Kourouj, directeur de l’agence, a récemment visité plusieurs pays européens pour promouvoir le cannabis marocain.
La transition des cultures illégales vers des activités légales semble en bonne voie, avec une augmentation significative des surfaces autorisées : de moins de 300 hectares en 2023 à environ 3000 hectares cette année, répartis entre Al Hoceïma, Chefchaouen et Taounate. Le nombre de cultivateurs agréés a également explosé, passant à près de 3300, soit sept fois plus qu’il y a un an.
Cependant, des défis subsistent. Les agriculteurs légaux ne représentent encore qu’une petite fraction des 400 000 personnes vivant du cannabis au Maroc. En 2019, plus de 55 000 hectares étaient consacrés à cette culture, produisant 23 000 tonnes de cannabis en 2021, selon les Nations Unies, faisant du Maroc l’un des principaux fournisseurs mondiaux.
La première récolte de cannabis légal en 2023 a produit 296 tonnes, mais des pertes importantes ont été enregistrées en raison de vagues de chaleur extrêmes. L’agence de régulation du cannabis envisage de cesser l’utilisation de semences importées, favorisant une variété locale plus résistante et moins gourmande en eau, développée en collaboration avec l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA), disponible à partir de 2025.
Avec ces initiatives, le Maroc s’affirme comme un nouvel acteur prometteur sur le marché mondial du cannabis, alliant innovation, durabilité et régulation stricte pour un avenir prospère.