Rabat, un bastion de la lutte contre la corruption en Afrique
Une conférence internationale s’est tenue à Rabat pour célébrer les 12 ans de la Déclaration de Marrakech et mettre en avant la lutte contre la corruption en Afrique. L’événement, organisé par l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC) en partenariat avec l’ONUDC, a réuni des personnalités de haut niveau représentant des organisations internationales ainsi que des responsables de différentes régions africaines. L’objectif était de mieux comprendre les enjeux et de contribuer à une réflexion approfondie sur les moyens permettant aux pays africains de lutter contre la corruption et de favoriser un développement durable qui réponde aux attentes des citoyens.
Lors de son intervention, le président de l’INPPLC, Mohammed Bachir Rachidi, a souligné que la centralité de la prévention avait conduit la communauté internationale à adopter la Déclaration de Marrakech lors de la COSP 4 en 2011. Il a également affirmé que cette conviction s’était renforcée au fil des années, incitant à une mobilisation collective pour donner une nouvelle impulsion à l’esprit de la Déclaration. La conférence visait à consolider les efforts et à renforcer la réflexion sur les grands axes de la Déclaration de Marrakech et les résolutions adoptées pour en assurer la mise en œuvre. Les recommandations résultant de cette conférence seront présentées lors d’une session parallèle lors de la 10ème Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption qui aura lieu en décembre 2023.
La corruption est un phénomène répandu à l’échelle mondiale, y compris sur le continent africain. Au cours de la dernière décennie, les estimations de l’impact économique de la corruption, tant au niveau mondial que continental, ont atteint des chiffres astronomiques. Selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies, l’impact de la corruption en Afrique serait de plus de 146 milliards de dollars par an, soit plus de 6 % du PIB continental. De plus, le rapport de la CNUCED sur le développement économique en Afrique en 2020 indiquait que 88,6 milliards de dollars quittaient le continent chaque année sous forme de flux illicites de capitaux, dépassant ainsi l’aide publique au développement et les investissements directs étrangers.
Les effets dévastateurs de la corruption sur le développement sont confirmés par de nombreux rapports nationaux et internationaux. Cela entrave la libération des énergies locales et la saisie des opportunités pour un développement socio-économique en phase avec le potentiel réel des pays et des régions. Dans un contexte d’ouverture des marchés, de sophistication des organisations et de développement des technologies, la corruption, le blanchiment d’argent et les crimes financiers continuent de prospérer, épuisant les ressources nécessaires au développement et menaçant la stabilité des pays et de la région dans son ensemble. Pour faire face à ce problème, une approche holistique et multidimensionnelle, combinant répression, sensibilisation et prévention, est nécessaire.
Le président de l’INPPLC a exprimé sa volonté de créer des liens durables entre les acteurs concernés pour alimenter les décideurs nationaux. Il a également proposé l’adoption d’une nouvelle résolution de « Rabat » lors de la COSP 10 en décembre prochain, afin de stimuler une véritable dynamique en matière de stratégies nationales et de coopération internationale dans la prévention de la corruption et son rôle dans le développement et la stabilité des pays et du monde.