Réforme de l’enseignement supérieur au Maroc : une vision gouvernementale pour l’avenir

Réforme de l’enseignement supérieur au Maroc : une vision gouvernementale pour l’avenir

Lors de son passage devant la Chambre des représentants lundi 12 juin 2023, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a souligné l’urgence de doter le pays d’un système d’enseignement supérieur, de recherche scientifique et d’innovation moderne afin de relever les défis actuels et futurs.
M. Akhannouch a déclaré que le gouvernement a réussi à élaborer une nouvelle vision pour le secteur, fondée sur un ensemble de valeurs capables de mobiliser tous les acteurs et de soutenir leur adhésion à une vision commune et unifiée de cette réforme. Cette vision repose notamment sur la transparence de tous les parcours et systèmes universitaires, l’établissement d’une charte d’éthique qui consacre la responsabilité sociale et environnementale de l’université, ainsi que la mise en place d’un système de renforcement de l’excellence académique, scientifique et administrative, et d’une charte pour l’équité et l’égalité des chances en matière de genre et d’inclusion sociale, tout en veillant à rester ouvert aux besoins du marché national du travail.

Un plan directeur

Et d’ajouter qu’afin de structurer la réforme pédagogique de l’université et de renforcer ses ressources humaines, quatre plans directeurs ont été adoptés, qui constituent dans leur ensemble des références pour conduire la transformation du système à l’horizon 2030. Ces plans directeurs sont les suivants :

Le plan directeur de l’enseignement supérieur comprend une révision des priorités de formation et de l’ingénierie universitaire des établissements d’enseignement supérieur public et privé, ainsi que des institutions étrangères.

Le plan directeur de la recherche scientifique : il vise à redéfinir les priorités de la recherche scientifique et à renforcer les laboratoires de recherche, tout en révisant le système des brevets scientifiques.

Le plan directeur de l’innovation : il vise à renouveler les thématiques de l’innovation en mettant en place une nouvelle ingénierie pour les acteurs concernés, en particulier en renforçant le rôle des incubateurs et des centres de transformation technologique, et en actualisant le système des brevets d’invention.

Le plan directeur de la transformation numérique : il vise à revoir et à améliorer les parcours universitaires, tant pour les étudiants que pour les enseignants-chercheurs et tous les cadres administratifs et techniques, en encourageant également le parcours des startups, des investisseurs et des autres partenaires.

Un nouveau modèle

En établissant ces grandes références, le chef de gouvernement indique qu’iil est prévu de mettre en place un nouveau modèle pour l’université marocaine, qui vise à réaliser les aspirations de étudiants. Cela passera notamment par l’intégration de l’université dans son environnement territorial, socio-économique, et par l’autonomisation des régions pour jouer un rôle central en termes d’innovation et de création de valeur ajoutée. Il est également prévu d’établir un système efficace de gouvernance institutionnelle du secteur, reposant sur une réforme pédagogique globale et intégrée, et renforçant la recherche scientifique selon des normes internationales.

Et d’ajouter que ce nouveau modèle pédagogique universitaire vise également à améliorer le système LMD (Licence-Master-Doctorat) en mettant l’accent sur le fait que l’université n’est pas seulement un espace de formation pour le marché du travail, mais aussi un espace fondamental pour la production des connaissances et le développement des compétences des jeunes. Cela passera par le renforcement des parcours d’apprentissage axés sur les compétences transversales pour renforcer le lien avec l’identité marocaine et renforcer le lien social, ainsi que par l’intégration de certifications en compétences linguistiques et numériques.

De plus, M. Akhannouch a souligné qu’il est prévu de développer les possibilités d’enseignement en alternance entre l’université et l’environnement économique et social, ainsi que de former une nouvelle génération d’étudiants doctorants capables de mener des recherches innovantes dans des domaines prioritaires nationaux. Dans une première phase, un programme de formation de 1 000 étudiants doctorants-enseignants sera lancé chaque année, ce qui permettra de constituer un vivier de compétences capables de renouveler le corps enseignant, qui connaîtra dans les années à venir un important taux de départ à la retraite.

En parallèle de cette vision, une première étape de cette réforme a consisté à revoir l’organisation pédagogique du cycle de licence, en adoptant plusieurs innovations qui devraient permettre une avancée qualitative tant en termes de qualité des apprentissages que de performance globale du système. Parmi ces innovations, on peut citer le renforcement des unités de formation et l’introduction d’unités professionnelles pour les adapter aux exigences du tissu économique. Dans ce cadre, les filières communes de licence, qui n’avaient pas connu de changement depuis près de 20 ans, ont été révisées et actualisées pour créer un tronc commun en informatique.

Les compétences numériques seront renforcées

Le chef de gouvernement a indiqué que d’autres mesures ont également été prises, telles que le développement des compétences linguistiques en maîtrisant la langue d’enseignement et en favorisant l’ouverture aux langues qui seront utilisées dans l’enseignement numérique, avec l’obligation de certification en langues étrangères pour l’obtention du diplôme.

De plus, les compétences numériques seront renforcées grâce à la généralisation des unités de numérisation et d’intelligence artificielle, ainsi qu’à la création de centres Code212 ouverts à tous les étudiants, quel que soit leur domaine d’études, avec la possibilité de certification en compétences numériques pour les étudiants intéressés. Des unités de formation en compétences d’autonomisation (Empowerment) seront également introduites, notamment grâce à des plateformes numériques et à des cours en ligne, afin de renforcer les compétences horizontales et les compétences personnelles, notamment en ce qui concerne la connaissance du patrimoine historique, culturel et artistique du Maroc, ainsi que l’enracinement des valeurs de citoyenneté et de conscience civique.

Dans le même contexte, des passerelles flexibles seront mises en place entre les différentes filières, spécialités et institutions, et l’adoption du système de validation des crédits permettra la flexibilité dans l’orientation et le changement de parcours d’études, offrant ainsi aux étudiants des opportunités de poursuivre leurs études en cas de difficultés, tout en prenant en compte les compétences et les connaissances acquises pendant leurs études universitaires. Cela permettra de réduire le phénomène du gaspillage universitaire, de stimuler la mobilité nationale et internationale, a-t-il confié.

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