Système « Jawaz » : L’Inspection Générale enquête sur les pratiques des fonctionnaires concernant l’utilisation des véhicules de l’État

Système « Jawaz » : L’Inspection Générale enquête sur les pratiques des fonctionnaires concernant l’utilisation des véhicules de l’État

L’Inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) a récemment initié une enquête approfondie sur l’utilisation du système de péage prépayé « Jawaz » par les véhicules de l’État, dans un souci de transparence et de bonne gestion des ressources publiques. Cette enquête vise à identifier les éventuels abus, notamment l’utilisation à des fins personnelles de ce dispositif, en dehors des heures de service, par certains fonctionnaires. Cette initiative fait suite à des préoccupations croissantes concernant les coûts de gestion des véhicules administratifs, particulièrement en période de vacances.

Selon plusieurs rapports, des fonctionnaires auraient retiré le dispositif « Jawaz » de leurs véhicules de service pour l’installer sur leurs véhicules personnels, couvrant ainsi les frais de leurs trajets privés. Ce comportement soulève des questions à la fois éthiques et juridiques, étant donné que ces dispositifs sont inclus dans les coûts opérationnels des véhicules de l’État, tels que le carburant et l’entretien. L’IGAT, dans sa mission, a également identifié des incohérences dans les registres d’utilisation des véhicules de service, comme l’absence de données précises sur l’usage des péages autoroutiers, ce qui met en lumière un manque de rigueur dans la gestion des dépenses publiques.

Le coût de la gestion du parc automobile de l’État est considérable. En 2019, il s’élevait à 2,072 milliards de dirhams, selon des données de la Société nationale de transport et de logistique (SNTL). Le parc comptait alors 152.957 véhicules, dont 92.000 utilisés par les administrations publiques, 42.647 par les collectivités territoriales et 18.383 par les établissements publics. Le carburant représente une part majeure des coûts, dépassant le milliard de dirhams par an, et ce chiffre pourrait encore augmenter en raison de la hausse des prix des carburants observée ces dernières années.

Par ailleurs, l’enquête menée par l’IGAT s’intéresse également à la conformité des ordres de mission émis pour l’utilisation des véhicules de l’État. Certains services publics n’ont pas été en mesure de fournir les documents requis pour justifier l’utilisation des véhicules, mettant ainsi en évidence des chevauchements de responsabilités et un manque de coordination entre les différents services concernés.

En parallèle, des mesures ont été prises en août dernier pour encadrer strictement l’utilisation des véhicules de service. Des directives ont été données aux services de la police et de la gendarmerie afin de s’assurer que les véhicules de l’administration ne soient utilisés que pour des missions clairement définies et justifiées par des ordres de mission en bonne et due forme.

Le Maroc se distingue par la taille de son parc automobile administratif, avec plus de 184.000 véhicules de service pour environ 900.000 fonctionnaires. Ce chiffre est bien supérieur à celui de pays comme le Japon, la Grande-Bretagne ou encore le Canada, dont les flottes de véhicules de fonction sont nettement plus réduites malgré des effectifs de fonctionnaires bien plus élevés.

L’enquête en cours devrait permettre de renforcer la régulation de l’utilisation des véhicules de l’État, d’optimiser les coûts et de prévenir les abus. Elle vise à assurer une gestion plus responsable des ressources publiques tout en améliorant la transparence et l’efficacité des services administratifs. Les résultats de cette investigation pourraient déboucher sur des recommandations concrètes pour une meilleure gestion de la flotte automobile et la réduction des dépenses liées à son utilisation.

 

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