Tunisie : Arrestation d’une avocate après des propos sarcastiques, France 24 contraint d’interrompre sa diffusion
Les forces de sécurité ont pris d’assaut samedi soir la Maison de l’avocat à Tunis et arrêté Sonia Dahmani, une avocate et chroniqueuse, suite à des propos sarcastiques qu’elle a tenus sur la situation du pays. La scène a été filmée par France 24, qui a été contraint de cesser sa diffusion en direct.
L’arrestation de Sonia Dahmani a été confirmée par Islam Hamza, un autre défenseur de l’avocate, et a été vivement dénoncée par France 24. La chaîne a protesté contre l’attitude des policiers encagoulés qui ont arrêté l’avocate et ont ensuite intimé à l’équipe de la chaîne de couper sa caméra, mettant fin à la diffusion en direct.
Selon des médias locaux, Sonia Dahmani est soupçonnée de diffusion de fausses informations dans le but de porter atteinte à la sûreté publique et d’incitation à un discours de la haine, en vertu du décret-loi 54 promulgué en septembre 2022 par le président Kais Saied. Ce décret punit de jusqu’à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour répandre de fausses nouvelles dans le but de porter préjudice à la sécurité publique.
Les propos de Sonia Dahmani qui ont entraîné son arrestation ont été tenus lors d’une émission de télévision, où elle a ironiquement demandé «de quel pays extraordinaire parle-t-on?» en réponse à des affirmations sur l’arrivée de migrants d’Afrique subsaharienne en Tunisie. Ces propos ont été jugés dégradants pour l’image de la Tunisie par certains utilisateurs des réseaux sociaux.
Sonia Dahmani avait reçu une convocation pour comparaître devant un juge d’instruction, mais avait refusé de s’y rendre sans connaître les motifs de cette convocation. En raison de son absence, un mandat d’amener a été émis à son encontre. Selon le Syndicat national des journalistes, plus de 60 personnes, dont des journalistes, des avocats et des opposants à Kais Saied, ont été poursuivies en vertu de ce décret en un an et demi.