Dans une étape historique, la société espagnole d’études de télécommunications « Sigesa » a récemment reçu un financement de 2,3 millions d’euros dans le cadre de la stratégie espagnole visant à orienter les fonds de l’Union européenne vers les projets de réformes et d’investissements durables. Cette somme marque le début d’une nouvelle ère pour le projet de tunnel reliant l’Espagne et le Maroc à travers le détroit de Gibraltar.

L’idée de relier physiquement l’Espagne et le Maroc par un tunnel sous le détroit de Gibraltar remonte à près de 40 ans. Cependant, jusqu’à récemment, ce projet ambitieux était bloqué dans le labyrinthe des discussions et de la bureaucratie.

Lors d’une réunion de haut niveau qui s’est tenue à Rabat au début de l’année 2023, les gouvernements des deux rives du détroit de Gibraltar ont réaffirmé leur engagement envers ce projet audacieux. Le financement de l’Union européenne a été le coup d’envoi tant attendu pour la concrétisation de ce rêve longtemps caressé.

Depuis 1979, les pays concernés ont exprimé leur intérêt pour cette liaison terrestre, mais la complexité technique et les coûts élevés ont maintenu le projet dans l’impasse. Malgré ces obstacles, des études approfondies ont été menées au fil des années pour déterminer la faisabilité du tunnel.

Le projet a également bénéficié de l’engagement des gouvernements espagnol et marocain. En 1980, une déclaration commune entre Hassan II et Juan Carlos I a été signée pour renforcer les études du projet. Le Maroc a créé une entreprise publique appelée « Société nationale d’études du détroit de Gibraltar » relevant du ministère de l’Équipement, tandis que l’Espagne a mis en place la société espagnole d’études de télécommunications « Sigesa ». Cependant, malgré les investissements massifs depuis les années 80, aucun progrès concret n’a été enregistré dans la construction du tunnel.

L’ancienne ministre espagnole des Transports, Raquel Sánchez, a récemment souligné l’importance stratégique de ce projet pour le Maroc et l’Espagne. Elle a également mis en avant les retombées positives que cette liaison aurait sur les relations entre l’Europe et l’Afrique.

Il est important de noter que lors de la 43e réunion de la commission hispano-marocaine, le Maroc et l’Espagne ont convenu de mettre en place un plan d’action pour les trois prochaines années. Ce plan comprend une analyse de la faisabilité de la construction d’une salle d’observation qui serait utilisée pour déterminer les caractéristiques géomécaniques du tunnel, marquant ainsi un pas de plus vers la réalisation de ce rêve de relier les deux continents.

Ce projet de tunnel Espagne-Maroc est bien plus qu’une simple infrastructure de transport. Il symbolise la coopération, le développement durable et la possibilité d’un avenir meilleur pour les deux nations et au-delà, ouvrant de nouvelles voies pour le commerce, le tourisme et les échanges culturels entre l’Europe et l’Afrique.