Une nouvelle étape franchie dans le projet de tunnel entre l’Espagne et le Maroc
La Société espagnole d’études pour les communications fixes à travers le détroit de Gibraltar (Secegsa) franchit une nouvelle étape dans l’avancement des études pour la construction d’un tunnel reliant l’Espagne au Maroc. Selon une source médiatique espagnole, une campagne de recherche sismotectonique est sur le point d’être lancée afin de mieux évaluer les conditions géologiques de la région.
Dans cette optique, Secegsa a récemment publié un appel d’offres pour la location, avec option d’achat, de quatre sismomètres de fond océanique (OBS, Ocean Bottom Seismometer). Ces appareils seront utilisés dans le cadre de la campagne baptisée Capitan de Navío Manuel Catalán Morollón, qui sera menée par la section Géophysique de l’Observatoire Royal de la Marine (ROA). Prévue sur une durée de six mois, cette opération est estimée à 487 872 euros, selon le média EuropaSur.
Ces dernières années, les gouvernements espagnol et marocain ont réactivé les discussions autour de ce projet d’envergure. Secegsa collabore avec son homologue marocaine, la Société nationale d’études du détroit de Gibraltar (SNED), pour réaliser les études de faisabilité d’une liaison fixe à travers le détroit. En 2021, la société espagnole avait déjà chargé l’entreprise Ineco de fournir une assistance technique pour ce projet ambitieux, avec un budget de 665 985,96 euros.
De plus, les financements se sont intensifiés avec une subvention initiale de 120 000 euros en 2023, qui a été portée à 750 000 euros en 2024. Ces fonds, issus du Mécanisme de Relance et de Résilience, sont destinés à financer la mise à jour de l’avant-projet primaire, préparé en 2007. Au total, Secegsa recevra 2,3 millions d’euros entre janvier 2022 et juin 2026 pour poursuivre ces études.
La relance du projet de tunnel a pris une nouvelle dimension lors de la 43ème réunion du Comité mixte hispano-marocain en 2023, où un protocole d’accord a été signé, engageant les deux parties à mettre à jour et à accélérer ce projet stratégique. À cette occasion, Secegsa et la SNED ont été appelées à présenter une stratégie générale et un plan de travail détaillé pour la période 2023-2025.
En mars 2024, Óscar Puente, le ministre espagnol des Transports et de la Mobilité durable, a réaffirmé l’intérêt de l’Espagne pour ce projet lors d’une rencontre avec ses homologues marocains Mohammed Abdeljalil et Nizar Baraka. Puente a qualifié cette liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar de « question stratégique » qui mérite une attention particulière lors des futures réunions du Comité mixte hispano-marocain.
Le tracé actuellement envisagé pour le tunnel, basé sur les études préliminaires, mesure 42 kilomètres. Il relierait Punta Paloma, près de Tarifa en Espagne, à Punta Malabata, située à 11 kilomètres à l’ouest de Tanger. Ce choix s’explique par la profondeur maximale de 300 mètres dans cette zone, contre 900 mètres dans une autre option, qui rendrait la construction d’un tunnel irréalisable. La pente maximale de 3 % est également un facteur déterminant.
Le projet prévoit la construction de deux tunnels à voie unique de 7,9 mètres de diamètre, accompagnés d’une galerie de service de 6 mètres de diamètre. Des passages transversaux relieront ces tunnels tous les 340 mètres pour garantir la sécurité et l’efficacité du transport.
Si le projet avance comme prévu, il marquera une étape historique dans la connexion entre l’Europe et l’Afrique, renforçant les liens économiques et sociaux entre l’Espagne et le Maroc. Cependant, la réalisation de cette infrastructure nécessitera un nouvel accord bilatéral entre les deux pays, conformément aux engagements internationaux en vigueur.