Le régime algérien éclaboussé par une opération d’enlèvement ratée à Paris
L’affaire de l’enlèvement de l’influenceur algérien Amir DZ, survenu à Paris, prend les allures d’un véritable thriller politique et diplomatique. Ce qui aurait pu passer pour un simple fait divers s’avère en réalité une opération d’espionnage orchestrée depuis l’étranger, aux conséquences explosives pour l’image de l’Algérie.
Amir Boukhors, plus connu sous le nom d’Amir DZ, vit en France depuis 2018, où il s’est exilé pour fuir les poursuites du régime algérien. Réfugié politique reconnu, il est devenu l’un des principaux détracteurs du pouvoir d’Alger, dénonçant la corruption et les privilèges des élites algériennes à travers ses vidéos largement suivies sur les réseaux sociaux. Ce franc-parler lui a valu une notoriété importante, mais également la haine tenace de ceux qu’il dérange.
Selon l’enquête publiée dans Le Journal du Dimanche, le 23 avril 2025, Amir DZ est enlevé à Alfortville, en banlieue parisienne. Deux hommes, se faisant passer pour des policiers, le forcent à monter dans un véhicule après l’avoir menotté. L’opération est brutale, l’homme est emmené dans un lieu tenu secret, drogué et interrogé, avant d’être relâché une journée plus tard, totalement déboussolé. Le scénario évoque clairement une opération montée par des services extérieurs.
Les soupçons se portent rapidement sur l’ambassade d’Algérie à Paris, où plusieurs agents sont suspectés d’avoir piloté ou facilité cette opération illégale. Une action qui, si elle est avérée, constituerait une grave violation du droit international et de la souveraineté française. Les autorités françaises, très discrètes jusqu’à présent, suivent l’affaire de près.
Cette tentative ratée de neutralisation d’un opposant illustre le désarroi du régime algérien face à une opposition de plus en plus influente à l’étranger. Elle révèle aussi une certaine panique au sommet de l’État, où les services secrets semblent agir en roue libre, quitte à provoquer une crise diplomatique.
Les motivations de l’enlèvement sont multiples : faire taire une voix dérangeante, envoyer un message aux autres opposants, ou encore tenter d’identifier les réseaux d’Amir DZ. Mais l’échec de l’opération, sa médiatisation et les tensions qu’elle suscite au sein même du pouvoir algérien en font aujourd’hui un dossier explosif.
Un fait est certain : cette affaire, en plus de ternir l’image de l’Algérie, jette une lumière crue sur les méthodes opaques d’un régime en perte de contrôle, où la convergence entre les services de sécurité et certaines franges islamistes est de plus en plus dénoncée.
À l’heure où Paris enquête, Alger nie toute implication. Mais les faits, eux, parlent d’eux-mêmes.
